La crainte de l’effondrement – Donald Winnicott

D'abord traduit parJeannine Kalmanovich et publié dans le numéro 11 de la Nouvelle Revue de Psychanalyse en 1975, ce texte de Winnicott a bénéficié d'une seconde traduction par Michel Gribinski lors de la publication posthume d'un recueil de textes.

Donald Winnicott, La crainte de l’effondrement et autres situations cliniques, Paris, Gallimard, 2000

Déclaration préliminaire 

Il y a peu, mon expérience clinique m’a amené à comprendre de façon neuve, me semble-t-il, la signification d’une crainte de l’effondrement. Mon but, ici, est d’exposer aussi simplement que je le peux ce qu’il y a là de neuf pour moi, et peut-être pour d’autres qui travaillent dans le champ de la psychothérapie. Il est certain que s’il y a du vrai dans ce que je vais dire, les poètes du monde s’en seront déjà saisi, mais les éclairs d’intuition qui traversent la poésie n’empêcheront pas que ce soit péniblement et pas à pas que nous devions nous éloigner de l’ignorance, vers notre but. La question qui va suivre est limitée, mais je pense que son étude conduit à redéfinir de nombreux autres problèmes qui nous intriguent lorsque, dans notre pratique, nous échouons à faire aussi bien que nous le souhaiterions. J’indiquerai à la fin les extensions de la théorie que je propose ainsi à la discussion. 

Différences d’une personne à l’autre 

La crainte de l’effondrement est une particularité d’une grande portée chez certains de nos patients, mais pas chez d’autres. Si cette observation est juste, on peut conclure que la crainte de l’effondrement a trait à l’expérience du passé de l’individu et aux caprices de l’environnement. On doit pourtant s’attendre à trouver un dénominateur commun, qui indique que le phénomène est universel. C’est en vérité ce qui rend possible à chacun de connaître par empathie la sensation Éprouvée lorsqu’un patient a très fortement cette crainte. (De fait, on peut en dire autant de toutes les particularités de la folie d’une personne folle. Nous le savons bien, même si, sur le moment, la particularité en question ne nous dérange pas.) 

Émergence du symptôme 

Parmi nos patients qui ont cette crainte, certains seulement s’en plaignent en commençant le traitement, mais pas tous. Les autres ont des défenses très bien organisées, et il faut des progrès considérables du traitement pour que, chez eux, la crainte de l’effondrement devienne un facteur dominant et occupe le devant de la scène. Par exemple, un patient a diverses phobies, dont il s’arrange grâce à une organisation complexe ; de la sorte, la dépendance ne se manifeste que très lentement dans le transfert. À la longue, la dépendance prend une position centrale, et les fautes et les échecs de l’analyste deviennent alors des causes directes de phobies localisées. Ainsi en va-t-il de l’éruption de la crainte de l’effondrement. 

Signification de « breakdown »

 C’est à dessein que j’ai employé le mot « breakdown », parce que ce mot est vague et qu’il pourrait vouloir dire diverses choses. Grosso modo, dans ce contexte, le mot peut signifier : échec de l’organisation d’une défense. Mais, aussitôt, nous demandons : une défense contre quoi ? Ce qui nous conduit à une signification plus profonde du mot, puisque nous avons besoin d’employer le mot « effondrement » pour décrire l’état de choses impensable qui est sous-jacent à l’organisation d’une défense. 

On notera qu’alors que nous avons intérêt à penser que, dans l’aire de la névrose, c’est l’angoisse de castration qui git derrière les défenses, ce qui est signalé par le phénomène plus psychotique examiné ici, c’est un effondrement de l’institution du Self unitaire. Le moi organise des défenses contre l’effondrement de l’organisation du moi, et c’est l’organisation du moi qui est menacée. Mais le moi ne peut s’organiser contre l’échec de l’environnement dans la mesure où la dépendance fait partie de la vie. Autrement dit, nous sommes en train d’observer une inversion du processus individuel de maturation. Il est donc nécessaire que je reprenne brièvement l’énoncé des stades précoces du développement émotionnel. 

Le développement émotionnel, stades précoces

L’individu hérite d’un processus de maturation. Ainsi va-t-il de l’avant, mais dans la mesure, et seulement dans la mesure où existe un environnement facilitateur. L’environnement facilitateur est lui-même un phénomène complexe qui réclame d’être étudié à part. Il est affecté d’un développement en propre, c’est son caractère essentiel, qui s’adapte aux besoins changeants de l’individu en voie de développement. Dans son avancée vers l’indépendance, l’individu passe d’une dépendance absolue à une dépendance relative. Chez l’individu en bonne santé, le développement s’installe à un rythme qui ne déborde pas celui du développement de la complexité des mécanismes mentaux en liaison avec le développement neurophysiologique.
On peut décrire l’environnement facilitateur comme un holding qui évolue en handling auquel s’ajoute la présentation d’objet.
Dans un tel environnement facilitateur, le développement de l’individu admet une classification en intégration, puis en installation (ou complicité psychosomatique) et enfin en relation d’objet. 
Cette description grossière est simplifiée à l’excès, mais elle doit suffire ici. 
On retiendra que, dans une telle description, le mouvement en avant du développement répond de près à la menace du mouvement en arrière (et des défenses contre cette menace) dans la maladie schizophrénique. 

La dépendance absolue 

Lors de la dépendance absolue, quand la mère assure une fonction de moi auxiliaire, il faut garder à l’esprit que l’infans qu’elle approvisionne ainsi n’a pas encore dissocié « non-moi » de « moi » — cela ne peut se produire en l’absence de l’instauration de « moi ». 

Les angoisses disséquantes primitives 

Ce tableau permet de dresser une liste des angoisses disséquantes primitives (le seul mot d’angoisse n’est pas assez fort ici). 

En voici quelques-unes : 
1. Retour à un stade de non-intégration (défense : désintégration) ; 
2. Tomber à jamais (défense : self-holding); 
3. Perte de la complicité psychosomatique, échec de l’installation dans le soma (défense : dépersonnalisation); 
4. Perte du sens du réel (défense : recours au narcissisme primaire, etc.) ; 
5. Perte de la capacité d’être en relation avec les objets (défense : états autistiques, relation exclusive avec des auto-phénomènes) ;
Et ainsi de suite. 

La défense par la maladie psychotique 

J’entends montrer ici que ce que la clinique nous donne à voir est toujours une organisation défensive, même dans l’autisme de la schizophrénie infantile. L’angoisse disséquante sous-jacente est impensable. C’est une erreur de considérer la maladie psychotique comme un effondrement, c’est une organisation défensive dirigée contre une angoisse disséquante primitive, et généralement avec succès (sauf lorsque l’environnement facilitateur ne s’est pas contenté d’être déficient, mais s’est présenté à l’enfant en se mettant toujours hors de sa portée — supplice de Tantale qui est sans doute le pire de ce qui peut arriver au petit humain). 

Énoncé du thème principal 

Je peux à présent exposer ce que je soutiens, qui est très simple. Je soutiens que la crainte clinique de l’effondrement est la crainte d’un effondrement qui a déjà été éprouvé. C’est la crainte de l’angoisse disséquante qui fut, à l’origine, responsable de l’organisation défensive que le patient affiche comme un syndrome pathologique. 
Pour le clinicien, cette idée ne s’avère pas forcément d’une utilité immédiate. Nous ne pouvons pas faire que nos patients se dépêchent. Cependant nous pouvons les empêcher d’avancer par suite d’une authentique ignorance ; comprendre, si peu que ce soit, suffit pour trouver l’aide qui nous permet d’accompagner les besoins d’un patient. 
Dans mon expérience, il y a des moments où un patient a besoin qu’on lui dise que l’effondrement, dont la crainte détruit sa vie, a déjà eu lieu. C’est un fait qu’il porte lointainement caché dans l’inconscient. L’inconscient, ici, n’est pas exactement l’inconscient refoulé de la névrose. Ce n’est pas non plus l’inconscient que Freud décrit en même temps que le rôle du fonctionnement pour ainsi dire neurophysiologique de la psyché. Ni l’inconscient de Jung : ces choses et autres qui se passent sous terre et dans les grottes, ou (en changeant de vocabulaire) le monde de la mythologie, où règne une complicité absolue entre l’individu et les réalités psychiques internes de la mère. Non: dans ce contexte singulier, inconscient veut dire que le moi est incapable d’intégrer quelque chose, de l’enclore. Le moi est trop immature pour rassembler l’ensemble des phénomènes dans l’aire de l’omnipotence personnelle. Ici, il faut se demander pourquoi le patient continue d’être tourmenté par ce qui appartient au passé. La réponse doit être que l’épreuve initiale de l’angoisse disséquante primitive ne peut se mettre au passé si le moi n’a pu d’abord la recueillir dans l’expérience temporelle de son propre présent, et sous le contrôle omnipotent actuel (qui prend la fonction de soutien du moi auxiliaire de la mère [l’analyste]). 
Autrement dit, le patient doit continuer de chercher le détail du passé qui n’a pas encore été éprouvé. Il le cherche dans le futur, telle est l’allure que prend sa quête. 
Sauf si le thérapeute peut travailler avec succès parce que pour lui ce détail est déjà un fait, le patient doit continuer de craindre de trouver ce qu’il cherche compulsivement dans le futur. 
D’un autre côté, si le patient est prêt à accepter cette vérité d’un genre bizarre que ce dont il n’a pas encore fait l’épreuve s’est cependant produit dans le passé, la voie est alors ouverte pour que l’angoisse disséquante soit éprouvée dans le transfert, en réaction aux faillites et aux erreurs de l’analyste. Le patient peut se débrouiller avec ces erreurs, quand elles sont à dose raisonnable ; quant à chaque faillite technique, le patient peur la mettre au compte du contre-transfert. Autrement dit, il recueille peu à peu la faillite originelle de l’environnement facilitateur dans l’aire de son omnipotence et dans l’expérience de l’omnipotence propre à l’état de dépendance (fait transférentiel). Tout cela est très difficile, c’est douloureux, cela prend du temps, mais en tout cas ce n’est pas vain. Ce qui est vain, c’est l’autre choix, que nous allons maintenant considérer. 

L’analyse pour rien 

Je suppose préalablement qu’on a compris et admis l’analyse de la névrose. À partir de quoi je dis que, dans les cas dont je parle, l’analyse commence bien, elle est même entraînante. L’analyste et le patient prennent du plaisir à l’analyse d’une névrose, mais en réalité il s’agit d’une maladie psychotique, et le plaisir vient d’une connivence. 
Ce couple est sans cesse content : ce qui a été fait ensemble était valable, intelligent, et agréable du fait de la connivence. Mais chacune des prétendues avancées se termine en ravage. Le patient met la chose en morceaux et dit : « Et maintenant ? » L’avancée n’en était pas une. C’était un nouvel exemple de l’analyste qui joue le jeu du patient : le jeu est de remettre à plus tard le dénouement essentiel. Et qui peut les en blâmer ? (À moins bien sûr qu’un analyste ne taquine le poisson psychotique avec la très longue ligne de la névrose, en espérant ainsi éviter de l’attraper à la faveur d’un coup du destin, comme la mort d’un des deux membres du couple ou la faillite financière du patient.) 
Nous devons supposer que tous deux, l’analyste et le patient, souhaitent pour de bon terminer l’analyse. Hélas ! il n’y a pas de fin que l’on n’ait touché le fond, et que l’on n’ait fait l’épreuve de la chose redoutée. Et en vérité, pour s’en sortir, le patient peut s’effondrer (physiquement ou mentalement), et cela peut très bien marcher. Cependant la solution n’est pas acceptable si elle n’inclut pas compréhension chez l’analyste et insight chez le patient et, en fait, nombreux sont les patients auxquels je fais allusion qui sont des personnes de valeur et ne peuvent se permettre de s’effondrer, c’est-à-dire de se retrouver a l’hôpital psychiatrique. 
L’effondrement a pu avoir eu lieu, vers les débuts de la vie du sujet, et mon but est ici d’attirer l’attention sur cette éventualité. Le patient doit s’en « souvenir », mais il n’est pas possible de se souvenir de quelque chose qui n’a pas encore eu lieu, et cette chose du passé n’a pas encore eu lieu parce que le patient n’était pas là pour que ça ait lieu en lui. Dans ce cas, la seule façon de se souvenir est que le patient fasse pour la première fois, dans le présent, c’est-à-dire dans le transfert, l’épreuve de cette chose passée. Cette chose passée et à venir devient alors une question d’ici et de maintenant, éprouvée pour la première fois. C’est l’équivalent de la remémoration, et ce dénouement est l’équivalent de la levée de refoulement qui survient dans l’analyse des patients névrosés (analyse freudienne classique). 

D’autres applications de cette théorie

– La crainte de la mort

Il n’est pas besoin de beaucoup modifier la thèse générale de la crainte de l’effondrement pour la transférer à la crainte spécifique de la mort. C’est sans doute une crainte plus générale, et l’une de celles que les religions absorbent quand elles enseignent qu’il y a une vie après la mort, comme pour dénier le fait de la mort. 
Quand la crainte de la mort est un symptôme important, la promesse d’une survie n’apporte pas de soulagement, et la raison de cet échec est une compulsion du patient. Là encore, d’est la mort qui a eu lieu sans être éprouvée qui est l’objet de la quête compulsive. 
Lorsque Keats était « presque amoureux de la mort tranquille », il désirait avec ardeur, selon l’idée que j’avance ici, la quiétude qui serait la sienne s’il pouvait se « souvenir » d’avoir fait l’épreuve de mourir; mais pour se souvenir, l’épreuve était à faire maintenant.
Mes patients m’inspirent la plupart de mes idées, et je reconnais ma dette. C’est à l’un d’eux que je dois l’expression de « mort phénoménale ». Ce qui a eu lieu dans le passé était une mort en tant que phénomène, et non un fait comme ce que nous observons. Nombre d’hommes et de femmes passent leur vie à se demander si le suicide est une solution — le suicide, c’est-à-dire envoyer le corps à une mort qui s’est déjà emparée de la psyché. Cependant le suicide n’est pas une réponse, juste un geste désespéré. Je comprends maintenant pour la première fois ce que ma patiente schizophrène (elle s’est effectivement suicidée) voulait dire quand elle m’a déclaré : « Tout ce que je vous demande est de m’aider à me suicider pour la vraie raison et non pour la fausse ». Je n’y ai pas réussi et elle s’est tuée en désespérant de trouver la solution. Son but, je le vois maintenant, était d’obtenir de moi que je formule qu’elle était morte dans sa petite enfance. À partir de cela je pense que nous aurions pu, elle et moi, lui permettre d’ajourner la mort de son corps jusqu’à ce que l’âge affirme son droit. 
La mort — si on la considère de cette manière, comme quelque chose qui est arrivé au patient alors qu’il était trop immature pour en faire l’expérience, la mort a le sens d’un anéantissement. C’est ainsi qu’un modèle s’est développé, dans lequel la continuité d’être du patient fut interrompue par les réactions infantiles à l’empiétement; c’était des facteurs de l’environnement que des défaillances de l’environnement facilitateur autorisèrent à empiéter (Dans le cas de ma patiente, les désordres furent extrêmement précoces du fait d’une perception prématurément éveillée parce que, avant la naissance, la mère fut prise de panique, à quoi s’ajouta le fait que la naissance fut compliquée par un placenta prævia non diagnostiqué.)

– Le vide 

Le concept de vide peut être appréhendé sous le même angle et c’est, là encore, ce que m’enseignent mes patients. 
Chez certains patients, l’épreuve du vide est nécessaire et ce vide appartient au passé, il remonte au temps qui précédait l’avènement de la maturité nécessaire à en faire l’épreuve. Pour le comprendre, ce n’est pas au traumatisme qu’il faut penser, mais au fait que là où quelque chose aurait pu être bénéfique, rien ne s’est produit. 
Il est plus facile pour un patient de se souvenir d’un traumatisme que de se souvenir que rien ne s’est produit à la place de quelque chose. À l’époque, le patient ne savait pas ce qui aurait pu se produire et, donc, tout ce à quoi se ramenait son expérience était de remarquer que quelque chose aurait pu être. 

– Un exemple

Un moment de l’analyse d’une patiente en est l’illustration. C’était une jeune femme, inutilement allongée sur le divan, et tout ce qu’elle pouvait faire était de dire : « Rien n’arrive dans cette analyse ! ». 
A la période que j’évoque, elle avait apporté un matériel indirect de sorte que je savais qu’elle était probablement en train de ressentie quelque chose. Il m’était possible d’affirmer qu’elle avait ressenti des sensations, et que ça s’était peu à peu évanoui, ce qu’elle avait éprouvé selon le modèle qui lui était bien connu et qui la désespérait. Les sensations étaient sexuelles et féminines. Cliniquement, rien n’en transparaissait. 
Là, dans le transfert, il y avait moi, bien près d’être la cause actuelle de l’avortement de sa sexualité féminine ; lorsque cela fut clairement énoncé, nous eûmes un exemple actuel de ce qui lui était arrivé un nombre incalculable de fois. Pour aller au plus court : son père n’avait d’abord presque jamais été présent puis, quand il vint à la maison — elle était une petite fille — il refusa le Self féminin de sa fille et n’eut rien de masculin à lui offrir qui fût stimulant. 
Le vide est une condition nécessaire et préalable au désir. Le vide primaire veut seulement dire : avant de commencer à se remplir. Et il faut un degré certain de maturité pour que cet état prenne un sens : 
Le vide qui survient dans un traitement est un état que le patient est en train d’essayer d’éprouver, un état du passé qui ne peut être remémoré sauf en étant, dans l’actuel, éprouvé pour la première fois. 
En pratique, la difficulté vient de ce que le patient craint ce que le vide a de terrible, et de ce qu’il s’en défendra par un vide sous contrôle, organisé en ne mangeant pas, ou en n’apprenant pas ; ou encore, il se remplira impitoyablement avec une avidité compulsive qui semble folle. Lorsque le patient peut aller jusqu’au vide même, et supporter cet état grâce à sa dépendance au moi auxiliaire de l’analyste, alors, prendre en soi peut se mettre soudain à être une fonction de plaisir ; manger peut ne pas être une fonction dissociée (ou clivée) faisant partie de la personnalité ; et c’est aussi de cette manière que certains de nos patients qui ne peuvent apprendre apprennent avec plaisir. 
Au fondement de tout apprentissage se trouve le vide (cela vaut aussi pour ce qui est de manger). Mais si le vide n’a pas été éprouvé comme tel au début, alors il se transforme en un état à la fois redouté et compulsivement recherché. 

– La non-existence 

La recherche d’une non-existence personnelle peut être examinée de la même façon. On s’apercevra que la non-existence, ici, fait partie d’une défense. L’existence personnelle est représentée par les éléments de la projection, et le sujet tente de pro- ite soue ce gui en crabote dont le but est, lors de la position dépressive, d’éviter toute responsabilité, ou d’éviter la persécution (ce que j’appellerai le stade de l’affirmation de soi [c’est-à-dire le stade du je suis, avec le sous-entendu inhérent : JE RÉPUDIE TOUT CE QUI N’EST PAS MOI]. Il est commode ici d’utiliser l’image du jeu d’enfant : « Je serais le roi du château – tu serais le sale coquin »). 
Dans les religions, cette idée peut être présente dans le concept de ne faire qu’un avec Dieu ou avec l’univers. C’est une défense que l’on peut voir en négatif dans les enseignements et les écrits existentialistes, où l’existence est transformée en culte, pour essayer de contrer la tendance personnelle à la non-existence qui fait partie d’une défense organisée.
Il peut y avoir un élément positif à tout cela, c’est-à-dire un élément qui ne soit pas une défense. On peut dire qu’il n’y a qu’à partir de la non-existence que l’existence peut commencer. Il est surprenant de voir combien précocement (même avant la naissance, et certainement pendant le processus de la naissance) la conscience d’un moi prémature peut être mobilisée. Mais le sujet ne peut se développer à partir d’une racine du moi s’il y a divorce entre ce développement et l’expérience psychosomatique et le narcissisme primaire. C’est à cet endroit précis que les fonctions du moi commencent à devenir psychiques. Temporellement, on notera que tout cela se situe bien avant l’établissement de quoi que ce soit qui pourrait pratiquement porter le nom de Self. 

– Résumé 

J’ai essayé de montrer que la crainte de l’effondrement peut être la crainte d’un événement du passé qui n’a pas encore été éprouvé. Cette épreuve est une nécessité équivalente à celle de la remémoration dans l’analyse des névrosés. 
Cette idée peut être appliquée à d’autres craintes de même famille, et j’ai mentionné la crainte de la mort et la quête du vide.

Vincent Tournier, Psychanalyste et psychothérapeute à Montpellier

Depuis 2012, j’exerce la psychothérapie et de la psychanalyse en cabinet, à Montpellier. J’interviens également en institutions (formation et supervision d’équipes).

 
  • Master 2 d’études psychanalytiques (Université de Montpellier)
  • D.U. de soins palliatifs
  • D.U. de 3ème cycle de psychothérapie
  • Psychothérapeute inscrit au répertoire ADELI de l’ARS Occitanie : n°340004019

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Vincent Tournier Psychothérapeute Psychanalyste Montpellier